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Historique

Le château des « Cornes d’Urfé » est situé à 930 mètres d'altitude, presque à la jonction du Forez, de l'Auvergne et du Bourbonnais. Cette forteresse érigée pour l'essentiel entre les XIIème et XIVème siècles sur les bordure occidentale du comté de Forez à Champoly (Loire), fut la première résidence attestée de la famille des Raybe d'Urfé, un des plus anciens lignages nobles du Forez. Au fil du temps, elle accompagne leur ascension comme leur déclin.

 

Un château de frontière

 

Il s’agit d’un château de frontière, fruit de l’hostilité des puissances de la région. Au XIIème siècle, le comte de Forez et l’archevêque de Lyon s’opposent pour le contrôle du Forez. Leur querelle s’apaise grâce à un traité de paix en 1173. 
C’est dans ce contexte que les seigneurs de Beaujeu ont profité de la querelle du comte du Forez et de l’archevêque de Lyon pour prendre une position proche des monts du Forez. Ils confient vers 1130-1140, à Arnoul Raybe, la place d’Urfé qui n’a probablement pas encore l’allure de l’imposante forteresse médiévale qu’elle sera plus tard. 
Une fois la paix signée entre l’archevêque de Lyon et le comte de Forez, ce dernier se retourne contre les Beaujeu. Dès 1173, la place d’Urfé tombe aux mains des Foréziens. Après quatre conflits s’étalant de 1173 à 1222, la frontière se stabilise entre les deux seigneurs. Urfé reste dans la mouvance du Forez bien que les Raybe aient à chaque guerre pris le parti des Beaujeu. Perdant en partie son rôle stratégique, le château reste le berceau d’une famille noble dont l’ascension ne fait que débuter.

 

La forteresse d’une famille en pleine ascension

 

Le château prend de l’ampleur au début du XVème siècle sous l’impulsion de Guichard d’Urfé, descendant du premier occupant du site. Engagé dans l’armée dès 1377, ses succès lors des campagnes royales lui permettent de devenir bailli du Forez de 1409 à sa mort en 1414. Ses successeurs conservent une position avantageuse et se hissent à la tête de la noblesse du comté. 
Le château profite de la montée en puissance de ses propriétaires. Pourtant, ceux-ci se tournent vers une autre propriété plus confortable et où le goût de la Renaissance peut s’épanouir plus aisément que dans l’austère forteresse d’Urfé. Ainsi, la Bâtie d’Urfé, dans la plaine du Forez, devient le nouveau décor de la vie de la puissante famille d’Urfé. 

Claude d’Urfé (1501-1558), outre sa charge de bailli du Forez, s’impose sur la scène nationale, fort de la confiance de François Ier et d’Henri II. Le premier en fait son représentant au concile de Trente ; il est l’ambassadeur à Rome du second qui le nomme ensuite gouverneur du dauphin et membre du Conseil de Régence auprès de Catherine de Médicis. Son fils, Jacques d’Urfé, se marie avec Renée de Savoie. Ce brillant mariage confirme l’ascension du lignage.
 

La retraite d’un « gentilhomme champestre »

 

Parmi les six fils de Jacques, trois s’illustrent particulièrement. Anne, Honoré et Antoine font briller les armes de la famille. Les guerres de religion qui secouent la France à la fin du XVIème siècle laissent des traces dans la famille. Les trois frères prennent le parti catholique et s’engagent aux côtés de la Ligue, mais Antoine trouve la mort dès 1594 au siège de Villerest. Honoré s’illustre avec plus de succès et surtout, quand il ne prend pas les armes, brille par sa plume en rédigeant l’Astrée, célèbre roman pastoral qui marquera profondément la littérature occidentale du XVIIème siècle. La destinée du château et celle d’Honoré ne se croisent que rarement, la Bâtie étant le nouveau berceau familial. C’est son frère, Anne d’Urfé, qui fait du château sa retraite.
Anne d’Urfé, poète et homme d’armes, choisit le repli dans la vieille forteresse médiévale, suite à des déboires politiques et sentimentaux. Engagé auprès de la Ligue, il choisit finalement de se rallier à Henri IV, ce qui lui vaut des relations tendues avec son frère Honoré. Mal récompensé de son engagement politique, il se retire d’autant plus amèrement que sa vie conjugale ne parvient pas à s’épanouir. Faute d’avoir des enfants avec Diane de Châteaumorand, il se sépare d’elle en 1599. Cette dernière se remarie avec Honoré en 1600, sans doute autant par amour que pour préserver l’héritage familial. Dès lors, Anne se retire dans une vie méditative aussi pieuse que littéraire. A la belle saison, il occupe la vieille forteresse qu’il aménage au goût de la Renaissance, y installant des galeries dans la cour intérieure et un verger au pied de la façade nord. En 1621, à la mort d’Anne d’Urfé le château commence à accompagner le lent déclin de la famille.

 

Du château ancestral aux « Cornes d’Urfé »

 

Le château traverse le XVIIème siècle et la première moitié du XVIIIème siècle sans être très occupé, mais il n’est pas délaissé et la famille continue à l’entretenir. Cependant les soucis financiers d’une famille de plus en plus divisée conduisent à la vente de la demeure et de la seigneurie d’Urfé. Après six siècles dans la même famille, il est acquis en 1766 par le marquis de Simiane qui le cède dès 1781 à la famille de Meaux, l’actuelle propriétaire. La tourmente de la Révolution transforme le château en carrière de pierres, où chacun se sert à sa guise et une dégradation inexorable s’amorce. Se transformant petit à petit en ruine au XIXème siècle, son allure de plus en plus décharnée lui vaut une sinistre réputation et le surnom de « Cornes d’Urfé ». Les tentatives de restauration de la famille de Meaux au début du XXème siècle sont battues en brèche par le vandalisme qui se poursuit. Le château est inscrit sur l’inventaire des sites pittoresques en 1946. Il est pris en charge à partir de 1979 par l’Association pour la Renaissance d’Urfé, qui tente d’y faire revivre l’esprit d’un lieu marqué par le temps.

 

Ouvrage de référence : Norbert GROS, « Urfé, historique du château », 2005 (édité par l’Association pour la Renaissance d’Urfé).

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